Gustave Pierre Blanchar est né le 30 juin 1892 à Phillipeville en Algérie, il est mordu très jeune par le virus de la comédie. Il passe par le conservatoire de Paris où il se lie d’amitié avec Charles Boyer, il sort du conservatoire avec un second prix et débute dès 1919 une double activité à la fois théâtrale et cinématographique.
Il apparait pour la première fois à l’écran dans « Papa bon cœur » de Jacques Grétillat, ses yeux clairs, sa minceur, son visage aux pommettes saillantes lui vaut d’être employé comme jeune premier romantique, en 1922, Pierre Blanchar va incarner à deux reprise le poète Lamartine, pour Léon Poirier, dans « Jocelyn », puis dans « Geneviève », en 1926, il se frotte à Charles Dullin dans « Joueur d’échec » signé par Raymond Bernard, il incarne ensuite Frédéric Chopin dans « La valse de l’adieu » d’Henry Roussell ou il donne la réplique à Marie Bell, il se retrouve ensuite à ferailler et galoper dans « Le capitaine Fracasse » dans lequel il s’illustre en incarnant le Baron de Sigognac.
Avec le parlant, Pierre Blanchar va rencontrer de vif succès grâce à sa diction impeccable, son intelligence de jeu, en 1932, Raymond Bernard le dirige à nouveau dans « Les croix de bois » un film qui dénonce les horreurs de la guerre et dans lequel il est bouleversant en donnant une vision réaliste de la vie dans les tranchées aux côtés de Charles Vanel, il enchaine ensuite avec « L’Atlantide » de G.W.Pabst dans lequel il incarne Saint Avit.
Pierre Blanchar et Gabriel Gabrio dans "Les croix de bois"
Pierre Blanchar tourne aussi en Allemagne ou il est souvent associé à Kate de Nagy « Au bout du monde » d’Ucicky en 1933, « La princesse Turandot » en 1934, il est ensuite Raskolnikov dans « Crime et Châtiment » de Pierre Chenal dans lequel il semble totalement habité par son rôle , on le trouve ensuite en espion dans « Mademoiselle docteur » de G.W. Pabst en 1936, puis il devient Mathias Pascal dans « L’homme de nulle part » de nouveau réalisé par Pierre Chenal avant d’incarner pour Julien Duvivier un avorteur dans « Carnet de bal ».
Il est ensuite criant de vérité, incarnant un innocent condamné à tort dans l’excellent «L’affaire du courrier de Lyon de Maurice Lehmann et Claude Autant-Lara en 1938, il est ensuite le partenaire de Raiu dans le film de Jean Grémillon « L’étrange Monsieur Victor ». Durant l’occupation, il va changer d’aura, acteur bien sür dans l’excellent « Pontcarral, Colonel d’Empire » de Jean Delannoy en 42, dans lequel il transpose à l’écran un esprit de résistance que Pierre Blanchar assume réellement dans la clandestinité.
Pierre Blanchar dans « Pontcarral Colonel d’Empire » de Jean Delannoy en 1942
Il s’essaie aussi à la réalisation adaptant « Tourgueniev » en 1943 avant d’endosser le double rôle du film de Delannoy « Le Bossu » dans lequel il incarne à merveille Lagardère et Esope Le bossu. Président du comité de Libération du Cinéma, Pierre Blanchar dit le commentaire d’un film documentaire sur la libération de Paris, en 1945, il est nommé ambassadeur de la profession auprès d’Hollywood, cette même année on le retrouve en capitaine des SAS Français dans « Les bataillons du ciel » d’Alexandre Esway.
René Lefévre, Pierre blanchar (au 1er plan) et Raymond Bussière dans « Les bataillons du ciel » d’Alexandre Esway et 1945
En 1946, on le retrouve au générique de « Patrie » de Louis Daquin dans lequel il incarne avec réalisme un aristocrate Flamand résistant aux Espagnoles, il retrouve ensuite Jean Delannoy pour « La symphonie pastorale » pour le rôle du pasteur Martin, ensuite on le retrouve dans le rôle-titre du « Dr Laennec » de Maurice Cloche en 48. Puis Pierre Blanchar s’éloigne des plateau de cinéma pour se consacrer à la scène, sa dernière apparition à l’écran se fait au côtés de Paul Meurisse dans « Le monocle noir » de Georges Lautner dans lequel il incarne un nostalgique du IIIéme Reich, ironie du sort pour ce résistant, Pierre Blanchar décède le 21 novembre 1963 à Suresne d’une tumeur au cerveau à l’âge de 71 ans.