Les Lumières de la ville (City Lights) est un film muet américain réalisé par Charles Chaplin, sorti le 30 janvier 1931.
Synopsis
Une foule est réunie sur une grande avenue du centre ville pour l'inauguration d'une statue monumentale dédiée à la paix et à la prospérité. Le maire, une citoyenne d'honneur, le sculpteur, se succèdent à la tribune, chacun allant de son discours de circonstance. Puis le voile se lève découvrant la statue au milieu de laquelle, parmi les poses hiératiques de personnages graves et solennels, un vagabond dort paisiblement.
Commentaire
Les Lumières de la ville sont au même titre que les Temps modernes un long adieu que Charlie Chaplin fait au cinéma muet en passant par deux films sonores sans dialogue avant de pénétrer enfin dans la vraie parole avec Le Dictateur.
La sauvegarde de la pantomime nécessite ce recul temporaire envers l’attirante technologie du parlant. L’intérêt visuel et gesticulant du personnage doit l’emporter sur une mobilité plus restreinte due à la parole qui positionne davantage dans l’immobilisme.
Chaplin désire également conserver la suprématie de la technologie du mouvement pur, l’apport de la voix risquant de démasquer dans le personnage une seconde nature.
Malgré cette approche, Les Lumières de la ville sont un énorme paradoxe : le vagabond qui ne peut être vu par la jeune fleuriste aveugle n’a que sa voix pour communiquer et cette voix n’est pas entendue par le spectateur. Voici une manière plus ou moins hermétique de sauvegarder encore un peu le muet qui s’éteint irrémediablement en avançant lentement de manière symbolique vers le nouveau concept du parlant.
Fiche technique
Titre : Les Lumières de la ville
Titre original : City Lights
Réalisation : Charles Chaplin
Scénario : Charles Chaplin
Production : United Artists
Musique : Charles Chaplin, José Padilla, pour le thème "Flower Girl" (La Violetera)
Photographie : Rolland Totheroh
Montage : Charles Chaplin
Pays d'origine : États-Unis
Format : Noir et blanc - muet
Genre : Comédie dramatique
Début du tournage : 31 décembre 1927
Fin du tournage : 5 octobre 1930
Durée : 86 minutes
Date de sortie : 30 janvier 1931 au Los Angeles Theatre
Distribution
Charles Chaplin : Le vagabond
Virginia Cherrill : La jeune fleuriste aveugle
Florence Lee : La grand-mère de la jeune fille
Harry Myers : Le millionnaire suicidaire
Allan Garcia: Le valet de chambre
Hank Mann : Le boxeur
Henry Bergman : Le maire et le voisin de la jeune aveugle
Victor Alexander : Le boxeur superstitieux
Albert Austin : Le balayeur et le cambrioleur
Joe Van Meter L'autre cambrioleur
James Donnely : le contremaître
T.S. Alexander : Le docteur
Eddie Baker : L'arbitre
Granville Redmond : Le sculpteur
Robert Parrish : Le jeune vendeur de journaux
Harry Ayers : Le policier
Eddie Mc Auliffe : Le boxeur qui s'enfuit
Jean Harlow : non créditée
Autour du film
La production du film s'étale sur trois ans, dont 534 jours de tournage. La scène au cours de laquelle la fleuriste aveugle prend le vagabond pour un homme riche a notamment nécessité rien de moins qu'un record de 324 prises, pour ne trouver sa version définitive qu'au dernier jour de tournage. La richesse n'étant pas a priori un état perceptible par d'autres sens que la vue, Chaplin a en effet dû déployer tous les ressorts de son talent de metteur en scène pour imaginer un concours de circonstances suffisamment crédible.
La scène de l'élévateur devant le magasin d'antiquité a été préférée au montage à une autre scène au cours de laquelle le vagabond joue avec un morceau de bois coincé dans une grille d'aération sans parvenir à l'y glisser. La foule curieuse s'amasse bientôt autour de lui et un employé derrière sa vitrine, très docte, lui explique par gestes, la méthode la plus rationnelle pour faire tomber le bout de bois.
Toute la séquence de boxe est inspirée du court métrage Charlot boxeur. L'attente dans le vestiaire durant laquelle le vagabond prend conscience de la violence des combats en voyant revenir les perdants inanimés et le combat lui-même, lorsqu'il tire parti de tous les moyens qui sont mis à sa disposition (l'arbitre, les cordes ...) pour éviter les coups de son adversaire, figurent déjà dans ce précédent film de Chaplin. La séquence est néanmoins enrichie de nouveaux gags ainsi que d'une intrigue et d'une mise en scène plus soignées.